Face à Musk, l'UE lance son projet Iris² de constellation de satellites
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(Bruxelles) Dans la course à l'internet de l'espace face
à Elon Musk, l'Union européenne a officiellement lancé lundi son projet
Iris² de constellation de satellites de communications sécurisées, en
signant une concession de 12 ans avec le consortium SpaceRISE.
Projet
phare de l'UE dans le spatial après les programmes Galileo
(positionnement par satellite) et Copernicus (surveillance du climat),
Iris² prévoit un réseau de 290 satellites multi-orbitaux, offrant des
services de connexion d'ici 2030.
Cette
constellation européenne de satellites permettrait des communications
sécurisées dans des domaines clés comme la défense, le réseau
diplomatique européen, la gestion des crises et la surveillance, mais
aussi un accès commercial à internet, alors que la guerre de l'internet
spatial fait rage.
L'Europe
tente de se positionner face à l'américain Space X d'Elon Musk, qui a
pris une longueur d'avance avec Starlink, devenu l'un des principaux
fournisseurs mondiaux de l'internet par satellite.
Le
marché de la connectivité spatiale à haut débit, notamment utile pour
desservir les régions isolées dépourvues de fibre optique, est devenu
ultra-concurrentiel.
Début
2024, Starlink affirmait avoir déjà mis en orbite plus de 6000
satellites et revendiquait 2,6 millions de clients, avec comme objectif
de déployer près de 30 000 satellites au total.
L'Union
européenne a attribué la gestion d'Iris² au consortium SpaceRISE, mené
par le Français Eutelsat, l'Espagnol Hispasat et le Luxembourgeois SES,
pour une concession de 12 ans, dans un partenariat public-privé.
Parmi les autres partenaires figurent Thales, OHB, Airbus Defence and Space, Telespazio, Deutsche Telekom, Orange et Hisdesat.
Le
budget d'Iris² est estimé à 10,6 milliards d'euros (15,83 milliards de
dollars canadiens) sur 12 ans : 6 milliards de l'Union européenne, 4,1
milliards d'investissements privés et 0,55 milliard provenant de
l'Agence spatiale européenne (ESA).
Des
centres de contrôles d'Iris² seront installés dans trois pays européens
: au Luxembourg, à Toulouse dans le sud-ouest de la France et à Fucino
au centre de l'Italie.
«
Cette constellation de pointe protégera nos infrastructures critiques,
connectera nos zones les plus reculées et accroîtra l'autonomie
stratégique de l'Europe », a assuré Henna Virkkunen, la vice-présidente
de la Commission européenne chargée de la souveraineté technologique.
Sur
les perspectives commerciales d'Iris², l'Union européenne évoque des
discussions avec le Royaume-Uni, la Norvège, l'Australie, des pays
asiatiques comme le Japon et la Corée du Sud et des pays africains.
La
directrice générale d'Eutelsat a salué pour sa part un « pas en avant
dans le spatial pour l'Europe qui est très important », et une marque de
« confiance » envers son entreprise, qui va pouvoir offrir une «
capacité commerciale » au projet, outre sa « capacité souveraine ».
Eva
Berneke, dans un entretien avec l'AFP, a reconnu qu'il s'agissait d'«
un domaine dans lequel l'Europe a pris du retard » et qu'il était urgent
d'offrir « une alternative soit aux Américains soit aux Chinois » : «
on a besoin d'avoir notre souveraineté, sur la Défense et les
communications » afin de « revenir dans le jeu », a-t-elle ajouté.
Agence France Presse